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Mettre en valeur des éléments de second plan

J’ai lu un message dans les réseaux sociaux que j’ai trouvé intéressant comme il cherchait à mettre en valeur une école notamment par les outils informatiques dont elle dispose. Tout d’abord, ça m’a intrigué. Pourquoi chercher à mettre en valeur ses outils ? et puis, j’ai pensé que c’est parce qu’ils favorisent une meilleure prestation de service, un meilleur service à la clientèle. Des outils performants facilitent la prestation du service, le suivi, la collaboration entre les employés, répondent mieux au besoin, favorisent les apprentissages par leur stabilité, leur compatibilité, etc.

L’idée de vanter les outils informatiques d’un établissement renvoie au concept élargi de produit en marketing : le produit n’est pas que l’objet que l’on vend, mais tout ce qui l’entoure et, dans ce cas-ci, des outils informatiques performants assurent un bon service aux clients, ce qui est certainement une dimension importante de la satisfaction des étudiants quant à leurs études dans un établissement X.

Cégep de Rosemont vs. Collège l’Avenir de Rosemont

Il y a un nouveau collège au Québec : le Collège l’Avenir de Rosemont. Situé à quelques coins de rue, à peine, du Cégep de Rosemont.

S’il y a un cégep qui est très présent sur l’Internet, c’est bien le Cégep de Rosemont. Il suffit de faire une recherche pour le constater : un grand nombre de pages Web de ce cégep apparaissent quand on cherche « collège Rosemont » sur Google. À l’heure actuelle, le nouveau collège n’a pas son site, et ses pages ne sont donc pas « indexées » par les moteurs de recherche. Je me demande cependant, au constat de l’omniprésence du cégep sur le terrain numérique, comment des pages du nouveau collège vont réussir à s’insérer entre celles du cégep. J’ai rarement vu un cégep occuper avec autant de présence le terrain numérique. D’une certaine façon, ça constitue une barrière à l’entrée pour un éventuel concurrent qui s’aventurerait à opter pour un nom évoquant lui aussi le quartier.

Chose certaine, il va falloir que le nouveau collège « se fasse voir ». Il procèdera peut-être par des moyens alternatifs, je veux dire, il cherchera peut-être à se faire connaître autrement, par exemple, en mettant des annonces ailleurs, comme sur les médias sociaux. Par la suite, les gens iront consulter son site et, peu à peu, il s’inscrira dans l’esprit des gens.

Quand on marche dans le quartier Rosemont, le nom du nouveau collège se comprend. Il y a des rues plus difficiles aux alentours du cégep, et même ailleurs dans le quartier. C’est aussi un quartier qui compte une proportion notable de nouveaux arrivants. On comprend que des gens qui habitent le quartier peuvent rêver d’avenir. Le cégep peut bien, par lui-même, revendiquer cette idée. Et puis, les gens s’attachent à un quartier. J’ai l’impression que la guerre « géographique » et la guerre « numérique » vont se jouer sur des terrains différents, je veux dire, dans des contextes différents. Rosemont est un grand quartier, traversé par de grands boulevards, avec des zones différentes, certaines plus aisées, d’autres moins. Les enjeux d’ « être présent dans les esprits », « se faire connaître », « prendre sa place », « occuper le terrain » voire « s’imposer », pourraient se jouer de façon complètement différente.

Je pense que ce sera un dossier très intéressant à suivre, pour toute personne qui s’intéresse à des questions de concurrence en général et de marketing numérique. Il sera capital pour le Collège l’Avenir de Rosemont d’avoir des étudiants, pour se faire connaître, vivre comme institution, etc.

100 000 postes à combler dans le Canada francophone !

On a annoncé, aux nouvelles, il y a quelques semaines, qu’il y a cent mille postes à combler au Québec, dans le Canada francophone. Cent mille ! en été en plus de ça. L’été est habituellement le temps des vacances ; ce n’est pas le temps où il se brasse de grosses affaires… J’ai fait une recherche au printemps sur les postes en gestion de projet et j’en ai dénombré plus de 130 dans la région de Montréal. La gestion de projet est un vaste domaine ; on fait de la gestion de projets en informatique comme on en fait en construction. 130 postes, c’est quand même beaucoup. Dans mon domaine, l’éducation, je consultais – durant l’été – le nombre de postes d’un certain niveau et il y en avait plus de 500. C’est complètement fou ! Il y a des villes où la pression est si grande, que mêmes les retraités retournent sur le marché du travail.

Le marché de l’emploi n’a pas été aussi bon en 40 ans. Le taux de chômage est désormais autour de 5,0 %, ce qui est très bas, et s’aligne sur le plein emploi. C’est vraiment très différent de ce qu’on retrouve dans différentes régions du monde. Pourquoi ne viendriez-vous pas faire votre avenir au Canada ? Avec un diplôme pertinent en poche, obtenu sur place, vous seriez bien placé pour intégrer le marché de l’emploi.

https://www.journaldemontreal.com/2019/07/05/le-taux-de-chomage-au-quebec-setablit-a-49–en-juin

L’idée de découper les DEC en modules et d’obtenir un DEC par cumul d’AEC

La commission qui est chargée d’étudier la question de la création d’un conseil des collèges, d’une commission mixte de l’enseignement supérieur et de la révision du RREC envisage que l’on puisse découper un DEC en modules et qu’un étudiant puisse obtenir un DEC par cumul d’AEC.

J’ai déjà fait part, dans un article précédent, de mon inquiétude à l’idée que les collèges offrant un DEC puissent découper leurs DEC en modules.

L’idée qu’un étudiant puisse obtenir un DEC par cumul d’AEC apporte cependant à la réflexion une dimension entièrement nouvelle.

S’il est possible de découper le DEC en modules et qu’un cumul d’AEC permet l’obtention d’un DEC, il faut se rendre compte que l’unité de base, en matière de programmes, au collégial, n’est plus le DEC, mais l’AEC.

C’est très valorisant pour les AEC et pour les collèges qui n’offrent que des AEC.  Leurs étudiants pourraient voir leurs cours reconnus pour l’obtention d’un DEC.  C’est aussi une confirmation de qualité et c’est une occasion inespérée pour de tels collèges.

Auparavant, on concevait le DEC comme l’unité de base.  Le DEC identifiait clairement la profession visée et développait toutes les compétences jugées nécessaires par le ministère pour l’exercice de cette profession – trop, dans certains cas, selon ce que j’ai compris de certains techniciens en exercice à Montréal.   L’AEC était un dérivé du DEC, qui formait des gens qui ne pouvait pas exécuter toutes les tâches des diplômés du DEC, bref, de la profession, telle que définie par le ministère ;  l’AEC, s’il avait la même fonction que le DEC, soit de former des gens pour accéder à une profession (contrairement à un programme de perfectionnement, par exemple) était un produit réduit.  Qui dit produit réduit dit produit de deuxième ordre.  En positionnant l’AEC comme produit de base, l’AEC devient le produit de base et le DEC apparaît comme un produit enrichi, un plus.

L’envers de la médaille, à l’idée de pouvoir obtenir un DEC par cumul d’AEC, c’est que le DEC perd de son caractère intégré, et donc perd de sa valeur, de sa qualité.  C’est un choix à faire :  il s’agit de choisir le produit de base.

Reste à voir comment s’ajustera le marché du travail.  Il y a des domaines où l’AEC est accepté pour un emploi et, dans d’autres cas, on demande le DEC.  Il y a aussi des domaines où l’AEC a une valeur un peu équivalente aux DEP sur le marché du travail.  Je parle ici de Montréal.  Les ordres professionnels, quant à eux, demandent le DEC.  Je ne veux pas spéculer :  il s’agit de voir comment, si cette idée entre en scène et est implantée, réagira le marché du travail.  On s’en reparlera alors.

L’importance d’avoir une base

Je remarque, au cours des dernières années, qu’il est rare qu’une entreprise ouvre et vise directement à mettre sur pied une nouvelle école privée en formation professionnelle et technique. Toutes les entreprises qui cherchent à obtenir l’autorisation du ministère pour offrir des programmes en formation professionnelle ou technique, visent à avoir une base d’abord, à partir de laquelle construire. Par exemple, elles cherchent à avoir des activités et à générer des revenus en dehors de l’offre de programmes reconnus par le ministère. Les écoles de pilotage offraient toutes leur formation pour devenir pilote sans que ça ne soit une AEC, avant de devenir des collèges reconnus par le ministère.  Ou encore, elles acquièrent une école existante, pour construire à partir d’elle.

Ce n’est pas une mauvaise stratégie, au fond. Dans les deux cas, les activités existantes génèrent déjà des rentrées de fonds, ce qui est utile, au cas où les rentrées de fonds engendrées par l’offre de programmes reconnus seraient maigres. C’est mieux que de partir de rien : si une entreprise est mise sur pied et vise directement à offrir des programmes reconnus, sans aucune autre source de rentrées de fonds au préalable, il faut s’assurer que les rentrées de fonds seront suffisantes, sinon l’entreprise ira droit frapper un mur.

Les projets isolés

Les grandes entreprises ont des façons de faire, des pratiques qui sont ancrées et parfois difficiles à changer. Celles-ci peuvent rendre un changement ou un nouveau projet plus difficile. Ç’en est de même pour les cégeps. Certaines grandes entreprises trouvent des moyens de protéger de nouveaux projets différents, audacieux, ou simplement non conformes aux habitudes de ses employés, en les isolant de leurs activités habituelles. Je trouve que c’est une idée intéressante et c’est pourquoi je voulais vous la rapporter. Un projet isolé et qui s’est développé peut servir de modèle, d’appui à des occasions futures de développement et permettre de voir les choses (des processus, des façons de faire, une organisation) différemment. C’est aussi un moyen de se prémunir contre un changement marqué dans le marché (par exemple, si les gens délaissent tout d’un coup la formation en classe pour des formations en ligne, ou la formation en ligne pour des CLOM).

Certaines grandes entreprises en Amérique du Nord modifient structure et processus aux 3 ans pour éviter que des façons de faire deviennent trop ancrées et nuisent ultérieurement à l’agilité dans le changement.

L’ «undermatching» et son impact sur les demandes d’admission aux établissements d’enseignement supérieur

L’article qu’on peut consulter à cette page

http://consortium.uchicago.edu/publications/high-school-future-making-hard-work-pay

ainsi que son résumé, a été écrit par un institut d’une université de Chicago, qui s’intéresse aux écoles publiques de cette ville.

Nous savons à quel point le système d’éducation y est différent du nôtre.  Je me demande si le phénomène dont il vise à nous conscientiser, existe aussi au Québec.

Bref, cet article nous informe que les étudiants des programmes enrichis (par exemple, le baccalauréat international) des quartiers pauvres de Chicago ne choisissent pas les collèges d’élite pour poursuivre leurs études.  Selon l’article, ils ne le font pas à cause du manque d’information sur les collèges d’élite auxquels ils pourraient demander l’admission, du manque de soutien dans leur milieu pour préparer leur candidature et du manque de soutien financier.

Ainsi, ils se retrouvent dans les mêmes collèges publics aux études lentes que les autres étudiants, par défaut, c’est la seule voie qu’ils voient devant eux.

On a appelé ce phénomène en anglais l’ «undermatching», soit opter pour un collège qui offre un défi et un potentiel de se réaliser qui sont en deçà de ce dont ces étudiants sont capables.

Il faut rappeler la question que j’envisageais :  un tel phénomène existe-t-il au Québec ?

Qu’est-ce qui fait la valeur d’un collège ?

Je me suis posé cette question pour faire le point et mieux dessiner, au fil de mon vécu, ce qui m’apparaissait être un bon collège.

Tout d’abord, ce qui me vient à l’esprit, c’est la valeur du produit comme tel, sa valeur ajoutée, c’est-à-dire ce qu’il offre en plus d’une organisation scolaire, d’un équipement commun et d’une équipe professorale.  Par exemple, les facilités de placement que permet l’entreprise de développement logiciel liée à l’ISI. Et sa valeur ajoutée ne peut pas être sa vie étudiante. Il faut quelque chose de plus.

De plus, il faut un projet derrière le collège, un programme sur lequel est établi sa réputation. Par exemple, une école Vision (au primaire), une orientation internationale (Ste-Anne) ou le Collège Lasalle dont le défilé annuel démontre l’incontestable envergure et la portée de son programme de mode. Une école de théâtre, c’est bien ; si elle enseigne selon une certaine optique, je veux dire une certaine approche, c’est encore mieux.  Comme il y a un théâtre intimiste et un théâtre dansé. L’un diffère nettement de l’autre. Un collège ne peut pas être qu’un ensemble de bureaux ou on offre de la formation. Il doit être plus que ça. Ça rappelle un peu l’idée que certains établissements sont des institutions – impression que j’ai eu plus d’une fois en allant écouter les concerts à l’Université McGill.

Aussi, un collège n’est pas qu’une entreprise qui cherche à survivre, à générer des marges et à s’approprier des parts de marché. Une vision sous-tend son action. Il porte et met en application un projet. C’est en droite ligne avec l’idée que j’ai proposée dans le paragraphe précédent.

Enfin, à mon sens, un collège intéressant, ce n’est pas un collège généraliste ou une grosse machine marketing. De tels collèges, comme ils offrent plusieurs programmes, peuvent difficilement acquérir une notoriété remarquable dans chacun d’entre eux, à moins qu’une approche particulière les couvre tous (les expériences à l’international, l’alternance travail-études). Et puis, si un collège a un gros budget marketing, ça ne veut pas dire qu’il est un collège intéressant pour autant. Les grosses machines marketing, en offrant plusieurs programmes différents, pour saisir des parts de marché différentes, et les autres collèges qui, sans avoir un aussi gros budget, sont généralistes par leur nature, ne peuvent devenir réputés comme certains collèges ultra-spécialisés le sont. Je pense au Collège d’enseignement en immobilier, à l’ISI ou à un collège ontarien qui ne fait que de la réseautique, et dont le directeur et l’enseignant en chef est un expert du domaine. Voilà des collèges d’un intérêt marqué.

Lachute aviation, Matrix, Syn studio

Avez-vous remarqué que 3 nouveaux collèges se sont joints au réseau au cours de la dernière année ? moi oui. Et j’en suis, quelque part, tombé en bas de ma chaise. C’est la première fois que je vois 3 permis délivrés dans une seule et même année au collégial. C’est énorme. Je n’ai pas vu ça depuis 2000. La dernière fois que c’est arrivé, ça doit faire plus de 15 ans, peut-être 20, sinon plus.

J’écrivais, dans un autre article, qu’on sent que les choses changent. Il y a de plus en plus de collèges privés. Le temps ou il y avait plus de collèges publics que de collèges privés est désormais révolu. Il y a maintenant 56 établissements d’enseignement privé au collégial ; 48 (49 si on compte Kiuna) au public. Il y a un écart net entre le nombre des uns et des autres.

Je trouve que c’est une évolution vraiment très intéressante. Certains collèges privés sont franchement différents et enrichissent le réseau. Syn studio, qui vient d’ouvrir, en est un bon exemple. Il suffit de lire le profil de plusieur de ses prof dans son site pour s’en convaincre. Ce sont des prof qui ont travaillé à des films ou des jeux récents qui ont fait la manchette. Le collège amène dans le réseau collégial une qualité de professeurs incontestable, pour ce qui est de leur expérience dans le marché du travail. Reste à les former pour qu’ils puissent enseigner façon collégiale.

Isart, aussi, par exemple, a proposé un programme qui porte davantage sur le scénario des jeux, que le dessin ou la programmation. C’est un angle entièrement nouveau, qui n’était pas couvert dans le réseau auparavant.

Ce sont des exemples de ce dont je parlais auparavant : les collèges privés enrichissent le réseau. Et je suis persuadé que c’est une très bonne chose.

Une recommandation du rapport Demers : découper les DEC en modules

Le rapport Demers recommande, entre autres choses, que les cégeps puissent découper les DEC en modules.

On a vu, cette année, un DEC se faire découper en modules.  C’est le DEC en Techniques administratives.  Mais le découpage a été fait par le ministère.

Si les cégeps peuvent fractionner les DEC en modules, je me demande ça se fera sur quelle base.  Y aura-t-il des règles qui vont baliser le découpage ?  (Enfin, on imagine que oui, mais il faut poser la question tout de même.)  Je pense à des règles visant la cohérence et la pertinence du module, et non pas à des règles telles qu’ « un module doit comporter minimum X cours et Y heures-contact ».

Les questions qui se posent, c’est :  quelle valeur les employeurs vont-ils attribuer aux modules ?  Et si les cégeps peuvent découper les modules comme ils l’entendent (suivant, bien entendu, les règles en la matière, si règles il y a), alors est-ce qu’on ne risque pas de se retrouver dans une situation analogue à celle des AEC, avec un foisonnement de programmes différents, certains plus longs que d’autres, développant chacun différentes compétences, à des niveaux différents, augmentant la confusion que les employeurs éprouvent déjà devant toutes les AEC qui existent ?

J’avais pensé, tout spontanément, en lisant cette recommandation du rapport, que des modules pourraient être formés suivant des blocs homogènes de compétences dans un DEC.  Je pense par exemple à la composante de graphisme dans le DEC en intégration multimédia.  C’est une idée qui vient assez vite à l’esprit.

Néanmoins, il y a des DEC qui m’apparaissent difficilement fractionnables.  On  peut toujours imaginer une frontière et l’y faire passer.  La question sur la valeur de ces modules se pose alors avec plus de poids.
Mais on peut aussi penser à un autre moyen de découper des modules :  par niveau de compétence.  Par exemple, I, II et finalement le DEC.  Par contre, si on fait un découpage de cette façon, d’autres questions viennent en tête :  quel sera la valeur du I par rapport au II, du II par rapport au DEC ?  et, pour compliquer la chose, les I et II par rapport à une AEC ? (laquelle…?)

Bref, je pense qu’il y a plusieurs questions en suspens, et auxquelles il serait utile d’avoir une réponse.  Certaines réponses, comme la réaction du marché, prendront naturellement du temps à se former.  Ce n’est alors que beaucoup plus tard qu’on les connaîtra.