Archive | mai 2015

Pénaliser les étudiants pour leurs fautes de français dans le contexte où les enseignants en font eux-mêmes…

Plusieurs plans de cours, au collégial, informent les étudiants qu’ils perdront des points s’ils font des erreurs de français. Or, les enseignants au collégial en font eux-mêmes quand ils enseignent. J’ai vu, par exemple, l’utilisation récurrente d’anglicismes. Ce sont des exemples évidents, puisqu’ils s’entendent facilement, dans le cas des anglicismes de nature lexicale (l’emprunt d’un mot anglais), et peuvent être remarqués dans le cas des anglicismes syntaxiques ( «j’ai pas de problème avec ça» – I don’t have a problem with that ) ou sémantiques, c’est-à-dire où un mot français est utilisé selon l’acception du mot anglais qui lui ressemble ( «les entreprises ne chargent habituellement pas pour ce genre de service» ).

À tout le moins, on peut dire qu’il y a une contradiction. D’une part, les plans de cours avisent les étudiants que leur note sera pénalisée en cas de fautes de français ; d’autre part, les enseignants en font eux-mêmes quand ils s’expriment. Pire : quand ils enseignent. Les enseignants, lorsqu’ils font des erreurs de français, démontrent ou leur laxisme quant à une langue soignée, ou leur désintérêt, ou leur méconnaissance de cette langue. Quoi qu’il en soit, le raisonnement auquel j’en viens est celui-ci : ou les enseignants devraient ne pas faire d’erreurs lorsqu’ils parlent, et seraient donc justifiés d’enlever des points aux étudiants lorsqu’ils commettent des fautes ; ou ils continuent de s’exprimer comme ils le font présentement, mais n’enlèvent pas de points en la matière.

Ce que je cherche à souligner, c’est que je ressens une certaine forme d’hypocrisie à l’idée que les enseignants font des fautes lorsqu’ils s’expriment, puis qu’ils pénalisent les étudiants lorsque ceux-ci en font. On ne peut pas mettre à l’avant-scène des enseignants faisant des fautes, et affirmer dans les plans de cours qu’un mauvais français est pénalisé. C’est l’un ou l’autre.

Il faut espérer que, dans l’optique où l’école s’avère être un modèle pour les étudiants, on habilitera les enseignants à bien s’exprimer, qu’on s’assurera de l’application de leurs nouvelles connaissances, quant au français, et on veillera ainsi au bon parler des étudiantes et étudiants.