Archive | mars 2017

La concentration ?

À voir les écoles qui changent de main au fil des années, je me suis demandé s’il y avait concentration dans le secteur des écoles privées en formation professionnelle et technique, comme c’est survenu dans d’autres secteurs d’activité économique.

J’ai fait des statistiques, pour avoir une information juste à partir de laquelle je pouvais réfléchir. Il transparaît que 26 % des collèges / CFP privés au Québec ont un même propriétaire qu’un autre établissement d’enseignement du secteur, bref, qu’ils font partie d’un groupe. Bref, à 26 %, notre secteur n’a pas échappé à la tendance.

Ce qui est remarquable, c’est que les groupes possèdent 42 % de tous les campus. Les groupes prennent une place notoire dans le portrait. Ça s’explique peut-être à l’idée que les groupes rassemblent plus de ressources et de capital, et qu’ils peuvent les mobiliser au sein du groupe, ce qui leur permet d’avoir une plus grande présence et de viser un plus grand nombre de marchés.

Il est intéressant de noter que les campus de ces groupes ne se concentrent pas dans la région de Montréal. On retrouve des campus dans des villes régionales comme Québec, Gatineau, Sherbrooke, etc.

La stratégie des écoles indépendantes (collèges privés, CFP) doit tenir compte du fait que 42 % des campus font partie d’un groupe. Je remarque que les écoles  «indépendantes» adoptent différentes stratégies dans l’écosystème. Et plusieurs d’entre elles réussissent à se tirer d’affaires malgré le 42 % de campus faisant partie d’un groupe. Bref, il n’y a pas qu’une seule stratégie que les écoles indépendantes peuvent utiliser pour se tirer d’affaires et même prospérer dans le milieu.

L’idée de découper les DEC en modules et d’obtenir un DEC par cumul d’AEC

La commission qui est chargée d’étudier la question de la création d’un conseil des collèges, d’une commission mixte de l’enseignement supérieur et de la révision du RREC envisage que l’on puisse découper un DEC en modules et qu’un étudiant puisse obtenir un DEC par cumul d’AEC.

J’ai déjà fait part, dans un article précédent, de mon inquiétude à l’idée que les collèges offrant un DEC puissent découper leurs DEC en modules.

L’idée qu’un étudiant puisse obtenir un DEC par cumul d’AEC apporte cependant à la réflexion une dimension entièrement nouvelle.

S’il est possible de découper le DEC en modules et qu’un cumul d’AEC permet l’obtention d’un DEC, il faut se rendre compte que l’unité de base, en matière de programmes, au collégial, n’est plus le DEC, mais l’AEC.

C’est très valorisant pour les AEC et pour les collèges qui n’offrent que des AEC.  Leurs étudiants pourraient voir leurs cours reconnus pour l’obtention d’un DEC.  C’est aussi une confirmation de qualité et c’est une occasion inespérée pour de tels collèges.

Auparavant, on concevait le DEC comme l’unité de base.  Le DEC identifiait clairement la profession visée et développait toutes les compétences jugées nécessaires par le ministère pour l’exercice de cette profession – trop, dans certains cas, selon ce que j’ai compris de certains techniciens en exercice à Montréal.   L’AEC était un dérivé du DEC, qui formait des gens qui ne pouvait pas exécuter toutes les tâches des diplômés du DEC, bref, de la profession, telle que définie par le ministère ;  l’AEC, s’il avait la même fonction que le DEC, soit de former des gens pour accéder à une profession (contrairement à un programme de perfectionnement, par exemple) était un produit réduit.  Qui dit produit réduit dit produit de deuxième ordre.  En positionnant l’AEC comme produit de base, l’AEC devient le produit de base et le DEC apparaît comme un produit enrichi, un plus.

L’envers de la médaille, à l’idée de pouvoir obtenir un DEC par cumul d’AEC, c’est que le DEC perd de son caractère intégré, et donc perd de sa valeur, de sa qualité.  C’est un choix à faire :  il s’agit de choisir le produit de base.

Reste à voir comment s’ajustera le marché du travail.  Il y a des domaines où l’AEC est accepté pour un emploi et, dans d’autres cas, on demande le DEC.  Il y a aussi des domaines où l’AEC a une valeur un peu équivalente aux DEP sur le marché du travail.  Je parle ici de Montréal.  Les ordres professionnels, quant à eux, demandent le DEC.  Je ne veux pas spéculer :  il s’agit de voir comment, si cette idée entre en scène et est implantée, réagira le marché du travail.  On s’en reparlera alors.

L’importance d’avoir une base

Je remarque, au cours des dernières années, qu’il est rare qu’une entreprise ouvre et vise directement à mettre sur pied une nouvelle école privée en formation professionnelle et technique. Toutes les entreprises qui cherchent à obtenir l’autorisation du ministère pour offrir des programmes en formation professionnelle ou technique, visent à avoir une base d’abord, à partir de laquelle construire. Par exemple, elles cherchent à avoir des activités et à générer des revenus en dehors de l’offre de programmes reconnus par le ministère. Les écoles de pilotage offraient toutes leur formation pour devenir pilote sans que ça ne soit une AEC, avant de devenir des collèges reconnus par le ministère.  Ou encore, elles acquièrent une école existante, pour construire à partir d’elle.

Ce n’est pas une mauvaise stratégie, au fond. Dans les deux cas, les activités existantes génèrent déjà des rentrées de fonds, ce qui est utile, au cas où les rentrées de fonds engendrées par l’offre de programmes reconnus seraient maigres. C’est mieux que de partir de rien : si une entreprise est mise sur pied et vise directement à offrir des programmes reconnus, sans aucune autre source de rentrées de fonds au préalable, il faut s’assurer que les rentrées de fonds seront suffisantes, sinon l’entreprise ira droit frapper un mur.